Notre site rend accessibles les résultats de la recherche scientifique sur la CNV, avec une analyse approfondie de ses biais et ses limites. Nous vulgarisons les études pour le grand public, afin de promouvoir un dialogue éclairé et constructif.
L’expérience scientifique et la Communication NonViolente
Le fondateur de la médecine expérimentale, Claude Bernard, insistait sur l’importance de bien distinguer les observations et les interprétations. Un siècle plus tard, Marshall Rosenberg, promouvait ce principe dans le contexte non-scientifique de la communication nonViolente (CNV).
Il est en effet extrêmement difficile d’observer le monde sans mêler à notre perception des interprétations automatiques, telles que des inférences inconscientes, des biais cognitifs, des croyances et des projections… Notre perception s’impose en effet à nous avec une évidence qui ne nous permet pas spontanément de distinguer entre la réalité du monde et ce que nous en percevons grâce à nos observations. Et pourtant, le projet scientifique consiste bien à mettre à l’épreuve les apparences pour distinguer entre les croyances et le savoir. Cela ne signifie pas que le savoir scientifique est immuable et figé dans le marbre, car toute vérité scientifique est susceptible d’évoluer, mais cela implique que ce savoir résulte de mises à l’épreuve systématiques et congruentes.

c’est pour cela qu’on expérimente
pour aller plus loin »
Claude Bernard
Afin de contourner ces difficultés et proposer une approche rigoureuse du monde vivant, Claude Bernard a fondé la méthode de la médecine expérimentale, qui procède par étapes :
Une Observation permet de formuler une hypothèse.
L’Hypothèse permet de proposer une expérience.
L’Expérience fournit des résultats.
Les Résultats observés doivent être interprétés.
Les Interprétations proposées permettent de conclure.
Les Conclusions permettent de faire évoluer les hypothèses et les théories.
Au-delà des évidences et de leurs apparences, le rôle de la science est de rechercher les arguments objectifs permettant de vérifier dans quel mesure nos observations reflètent la réalité. Le scientifique et la CNV s’accordent avec tant d’autres sur le fait que nous n’avons pas accès à la réalité. Pour s’en approcher, l’approche expérimentale ne se fie pas aux apparences (voir biais cognitifs) et consiste à remettre en doute nos observations en les mettant à l’épreuve. Elle vise donc à remettre en cause l’évidence des apparences et des inférences causales que nous formulons spontanément.
« Quant à la constatation des résultats de l’expérience, (…),
Je pose également en principe qu’elle doit être faite
comme dans toute autre observation,
c’est-à-dire sans idée préconçue »
Claude Bernard
La communication NonViolente est une approche de la relation à soi et à l’autre qui connait une diffusion spectaculaire au niveau international et voit le nombre de formateurs et de stagiaires augmenter à la mesure de l’enthousiasme et de l’espoir qu’elle peut susciter. L’objectif de ce site est de restituer l’état des connaissances scientifiques concernant la communication NonViolente en recensant les travaux existant et en proposant une liste à jour régulière.
Il nous paraît d’ailleurs singulier que l’approche expérimentale inaugurée par Claude Bernard puisse être autant rapprochée de celle de Marshall Rosenberg. La citation suivant mériterait tout autant de s’appliquer à la démarche scientifique qu’à la posture proposée par la CNV… Car c’est bien la dialectique entre observation et interprétation qui fonde notre connaissance du monde et de l’autre!
« La CNV n’impose pas pour autant une parfaite objectivité exempte de tout jugement. Il s’agit simplement de bien séparer nos observations et nos évaluations. La CNV est à cet égard un langage dynamique qui écarte les généralisations figées et invite au contraire à fonder les évaluations sur des observations correspondant à un moment et un contexte donnés. »
Marshall Rosenberg (Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs)).
« L’histoire de la non-violence est courte et, pour continuer de la faire grandir, il convient d’en dessiner les limites »
Alexandre Foncelle